« Pour nous»
1- C’est la formulation même du credo. Les mots « pour nous » sont riches de sens. Comme tous les mots qui traduisent la foi chrétienne, ils peuvent être l’objet de déviations.
2- L’expression « pour nous » signifie d’abord : « à notre profit, pour notre bien ». C’est par amour que Dieu a envoyé son Fils pour établir l’humanité dans une alliance éternelle avec lui.
3- « Pour nous » peut signifier aussi : « à notre place ». C’est à ce sens que pensent assez spontanément beaucoup de croyants. Il faut donc prendre la juste mesure de cette expression.
Jésus a accompli ce que l’humanité était incapable de faire elle-même : vivre dans la communion parfaite avec son Père. En ce sens il l’a fait « à notre place ».
Cette communion de Jésus avec le Père est exprimée par l’Écriture par le mot «obéissance». Ce mot traduit non pas une sorte d’esclavage mais la communion dans la même volonté d’amour entre le Père et le Fils pour le salut du monde. De ce point de vue, on peut dire que le Christ est le contraire d’Adam. L’épître aux Philippiens le proclame dans un hymne à la gloire du Christ. «Lui qui était de condition divine […] s’anéantit, obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix. »
4- Par contre, il ne faut pas interpréter « pour nous » dans le sens d’une substitution pénale qu’on pourrait traduire : Il a payé pour nous. Cela réduirait la rédemption qui est une œuvre d’amour à une sorte de fiction juridique. Cela supposerait aussi que la souffrance peut être une compensation au péché. La seule compensation au péché, c’est l’amour. Il faut se souvenir que spontanément nous sommes portés à penser que la justice divine et la limitation de la justice humaine ou le châtiment a été supposé compenser le crime. Se souvenir aussi que cette interprétation a trouvé place, surtout au XIXe siècle, dans la prédication chrétienne qui entendait réagir contre un rationalisme athée. En tout cela il faut se souvenir que le verbe « payer» n’offre pas beaucoup de possibilités pour une intelligence en profondeur de la Rédemption. Rappelons que le mot « rédemption » signifie « libération » (libération d’Egypte) et non le versement d’un paiement.