1 – Chaque chrétien a une identité ; il doit savoir qui
il est. L'identité le distingue des autres. Dans l'histoire des chrétiens, les
luttes ont enraciné chacun dans une identité d'opposition. L'autre est perçu
comme adversaire. Ce réflexe est spontané mais il est opposé à l'unité : « un
seul Esprit, un seul corps ».
2 - L'œcuménisme ne vise aucunement une sorte de fusion ou l'identité des chrétiens
et des Églises disparaîtraient au profit d'un grand tout. L’identité a été
constituée pat une histoire dans laquelle et par laquelle Dieu a rencontré les
hommes. Elle est donc un monument qui publie l’amour, la grâce de Dieu. Nos
histoires sont faites de ces dons de Dieu qui nous ont atteints à travers les
efforts et les péchés des hommes. Ces dons, portés par chaque communauté, sont
mis à la disposition de tous.
On n'est jamais trop nombreux pour
mieux entendre la Parole de Dieu et tenter de lui être fidèle.
3 - Il n'y a de communion qu'entre sujets différents. La communion suppose plusieurs
sujets. C'est la diversité qui enrichit la communion. Cette communion n'est
donc pas unicité. Cependant, la peur existe : peur de disparaître, d'être
absorbé. Cette crainte n'existe pas seulement chez les chrétiens : dans le
monde actuel, nous pouvons noter à la fois et le désir d'unité et la naissance
de nombreux mouvements identitaires.
4 - Il ne faut donc pas donner de l'œcuménisme l'image d'un « retour ». Pour
plusieurs raisons, l'idée de retour suppose que l'on rêve d'absorber les
autres, de les faire disparaître. Une sorte d'œcuménisme par anéantissement. Le
« retour » suppose aussi que la majorité des membres d'une Eglise est « partie
» dans l'erreur absolue. On peut être même tenté de considérer d'autres
chrétiens comme des païens. Cette attitude engendre le sectarisme. Le « départ
», pour l'immense majorité des chrétiens d'aujourd'hui, n'est pas un fait
personnel. Ce n’est pas leur génération qui est partie !
5 - Il faut donc, tout à la fois, sauvegarder
son identité et travailler à l'unité. Cela veut dire : être conscient de ce
que Dieu nous donne avec la charge de le transmettre
à tous. C'est ce désir de fidélité aux dons de Dieu qui amène les chrétiens
à modifier les particularismes qui sont nés dans l'opposition et qui
nourrissent encore parfois l'opposition. La fidélité se vit dans les détails :
pour
que l'essentiel dure, il faut parfois que ce qui n'est pas essentiel, bouge.