Il
faut distinguer la foi vécue par chaque chrétien et chaque communauté
chrétienne et l'expression de cette foi par des mots, des rites qui
veulent en rendre compte. Il ne faut pas faire de ces mots, de ces expressions,
des pièges, « s'y laisser prendre ».
Ce
peut être un piège pour les chrétiens qui peuvent ne pas donner à ces mots leur
vraie valeur ; ce peut être aussi un piège pour les non-croyants ou les «
commençants » qui se méprennent sur le sens de ces mots. Ainsi que Dieu soit
pour les croyants le Père de Jésus-Christ ne doit pas être interprété comme la
proclamation d'une croyance à un père à l'image des pères de ce monde.
Les
croyants font de leur mieux pour dire leur foi. Il faut les y aider. Il faut
aussi se souvenir que leurs difficultés à « bien-dire » ne donnent pas un motif
légitime pour suspecter la vérité et l'authenticité de leur foi. Mais cette
compréhension n'est pas non plus une raison pour se résigner à des manières de
dire et de faire qui trahiraient la foi.
Les
Églises se sont donné des textes qu'on appelle : « symbole » ou « credo ».
Symbole veut dire « mettre ensemble ». Ces textes jouent donc un rôle : être un
signe de reconnaissance des croyants
entre eux.
Ces
textes sont donc au service de l'unité des chrétiens à travers le temps et
l'espace. Ils appartiennent à l'histoire donc au passé de nos communautés. Ils
doivent être lus et compris dans le contexte qui les a vus naître. Leur langage
est celui d'un temps. Actualiser les crédos est donc et sera
toujours nécessaire.
Il
serait de mauvaise méthode de vouloir déduire la foi de quelqu'un de sa manière
de s'exprimer, de ce qu'il dit. Notre langage dépend de notre formation, de
notre milieu de vie. Avant les mots, il
y a la foi. Un chrétien, c'est quelqu'un qui met sa foi en Dieu, le
Père de Jésus-Christ.
On
peut, par ailleurs, connaître très bien le vrai sens des mots du credo et ne
pas être croyant pour autant. Si le mouvement de foi envers le Père n'existe
pas, cette connaissance est sans racine. Elle n'a de « foi » que le nom.
Dans
le contexte actuel de division des chrétiens, il faut lutter contre les
caricatures qui peuvent être créées en toute bonne foi par les uns et les
autres à cause de leur formation. Redisons-le : les divisions des chrétiens se
situent non au niveau du Credo mais dans un « au-delà » du credo.